Un jour, je te proposerai l’échappée belle
Une épopée contre les heures cruelles
Nous échapperons alors à la ville…
Nous prendrons la fuite avec le train des Pignes
Eblouis, nous enjamberons les zones frontières
Pour assister au réveil de notre passion première.
 
Dépouillés de nos biens, valises légères
Sereins, enivrés, nous prendrons nos aises
Nous arriverons avec un peu d’avance
Pour rendre hommage et grâce aux distances
Et à l’orée incendiaire d’une aube cavalière
La fièvre emportera nos élans ferroviaires.
 
Dès la Bléone, flairant les collines bleutées
Nous nous coltinerons les pentes ravinées
Bercés par le brimbalement du wagon
Le rail titubera le long du Verdon…
Bien avant, je devinerai ses arômes en partance
Et toi,  tu redécouvriras le goût des confidences !
 
Chevauchant le paysage, Annot, Chaudon-Norante
Les saveurs d’une époque le long des rampes !
Dégourdir tes jambes aux cafés des gares
Mes mains baladeuses obligeantes à ta taille.
Quant à nos âmes victuailles et rassérénées
Elles feront corps et voiles aux crêtes dénudées.
 
Mais la vie quotidienne renverra ses faneurs
Le voyage ne dure que l’instant du bonheur
Pins noirs, torrents, « Adieu voyage lent »,
Farouches défileront maladroitement
Dégrisés, nous rendrons les gares à leur solitude
La ville nous récupérera, pleine de sollicitude
 
La ville nous récupérera, après nous le déluge…