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J. PEYRAT en 2001

En 2002

Diverses réactions en 2004











En 2005

La verrière, aujourd'hui.

Lectures sur le même sujet :- L'HISTOIRE DE LA GARE DU SUD (1): De sa naissance à sa fermeture (1892-1991)
Sur le site de la CCCP:- UN TRAMWAY NOMME DELIRE (05/03/2006)
- RENDEZ-NOUS LA GARE DU SUD ! (18/09/2006)
- TUEURS DE GARE (07/12/2007)

votre commentaire ?Créé le 26/05/2008par Philippe BERTOLO

L'HISTOIRE DE LA GARE DU SUD
Seconde partie: LES ANNEES NOIRES (1991-2008)


Le 9 Décembre 1991, à 20h35 un dernier train en provenance de Digne s’immobilise sous la majestueuse verrière de la Gare du Sud.
Le nouveau terminal de la rue Alfred Binet étant achevé, la nouvelle gare minimaliste entre en service le lendemain..
La municipalité et le promoteur qu’elle a choisi, le groupe Tréma, pense avoir gagné ce long combat et veut rapidement réaliser son projet immobilier qui commence par la démolition de la Gare.
Destiné à masquer la pauvreté esthétique de la future construction, le portique central se retrouve incrusté dans le futur bâtiment pour lui servir hypocritement d’alibi, le projet étant de le déplacer en bordure de rue pour récupérer aussi les 17 mètres de parvis de la Gare.

Toutefois pour une majorité de niçois unis et solidaires, soutenus par quelques associations de quartier, par la presse nationale, et des élus de tous bords, la lutte commence.

Grâce à une forte mobilisation de quelques passionnés, la verrière de Baltard (école de Gustave Eiffel) semble sauvée, le promoteur s’engageant à la démonter et en faire don à la Ville.




Durant plus de 2 ans, le projet semble au point mort, et grâce au « silence radio » de la municipalité, les bruits les plus fous courent, il est maintenant question qu’en plus du Centre Commercial on rajoute 15 000m2 de bureaux.
Le 7 Avril 1993, Christian ESTROSI, alors député de la circonscription sur laquelle est construite la Gare, alerte le Ministre de la Culture, Jacques TOUBON en vue d’obtenir son classement.
Le permis de démolition et de construire sont accordés le 8 Avril 1993 pour la construction de l’ensemble immobilier et immédiatement des associations, des élus, des riverains et la Chambre des Métiers déposent un recours en annulation auprès du Tribunal Administratif.
Alors que l’Etat est toujours propriétaire des terrains une tentative sauvage de démolition est même tentée le 15 Avril 1993 contre la tourelle gauche, stoppée par Christian ESTROSI.
Au cours du mois de Juillet le Tribunal prononce un sursis à exécution concernant le permis de démolition et le permis de construire, estimant que « la concertation, devant notamment associer les habitants et les associations locales, dans le cadre de la création d’une zone d’aménagement concerté, n’avait pas été régulièrement menée ».


Au mois de Février 1994, le PDG et le DG du groupe Tréma, promoteur du projet, sont interpellés en Italie pour avoir versé des pots de vin de plusieurs milliards de lire afin d’obtenir la construction d’un Centre Commercial à Turin.
Au mois d’Avril 1994, le Conseil municipal approuve un projet de construction d’un grand ensemble polyvalent.
Le bâtiment, complètement abandonné à son triste sort, sert de dépotoir, est désormais squatté, ouvert aux 4 vents, le démantèlement de la verrière et des huisseries se poursuit dans l’indifférence, un début d’incendie provoqué par des squatteurs, la peur des riverains et un trafic de drogue notoire obligent la municipalité à faire un grand nettoyage du bâtiment et à enfin murer la Gare du Sud (qui appartient toujours à l’Etat), début Août 1994.

Dès son élection, Maître PEYRAT montre son intérêt, non pour la superbe architecture du bâtiment qui règne sur tout un quartier, mais pour les 18 000 m2 sur lequel il est implanté.
Le 23 Décembre 1996 le Tribunal Administratif annule le permis de démolir et le permis de construire accordés à la société Tréma, la municipalité envisageant de construire une nouvelle mairie.
Dès le début de l’année 1997, la nouvelle municipalité adresse au Ministre des transports une proposition d’achat des terrains afin d’y ériger la nouvelle mairie, incluant aussi 20 salles de cinéma, un parking de 2000 places et des boutiques.
Il est alors question de conserver la façade de la Gare du Sud, tout en construisant tout autour des bâtiments, mais aucun plan n’est présenté.

D’âpres tractations commencent alors entre l’Etat et la municipalité qui aboutissent finalement le 7 Avril 2000 à la vente par l’état des anciens terrains des CP et de la Gare à la Ville de Nice pour la somme de 83,5 millions de francs.
Reste à indemniser la société Tréma, qui a construit la nouvelle Gare, rue Alfred Binet, (coût 17,5 millions de francs) et qui jusqu’en 1996 restait le promoteur ; un accord est trouvé en Novembre 1998 ; La ville doit verser 25 millions de francs pour qu’ils se retirent du projet.
Du 25 Février au 25 Avril 1999, une concertation publique avait été lancée, il en ressortait un attachement des niçois au bâtiment.
Un appel à projet est lancé en Avril 2000, le début des travaux étant prévu pour fin 2002.
Un jury est appelé à examiner les différents projets les 20 et 21 Mai 2001...


Malgré l’avis des niçois, le Conseil municipal du 4 Octobre 2001 choisit le Projet de l’architecte Pierre-Louis Falocci, dont les premières paroles « un véritable projet urbain qui va redynamiser et embellir toute cette partie de la ville et pour lequel rien ne justifie de conserver la façade de la Gare du Sud, comme un décor de Cinécittà » font un tollé parmi les associations de quartier, les élus réfractaires et surtout les niçois, attachés à ce patrimoine exceptionnel.
La municipalité promet la conservation de la façade et commence à évoquer l’idée d’un démontage remontage, mais craint une mesure de classement que réclame les opposants au projet.

Le 7 Novembre 2001 Catherine TASCA, alors Ministre de la Culture du gouvernement JOSPIN, sous la pression d’élus de tous bords et de quelques associations prononce une mesure conservatoire de sauvegarde de la Gare.


Malgré des entrevues en haut lieu, des tractations et des menaces judiciaires, le Ministre de la Culture inscrit la façade de la Gare à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.






La municipalité ne se décourage pas, misant sans doute sur le changement de majorité gouvernementale.
Toutefois le maire, qui semble en faire une affaire personnelle, ne renonce pas et décide d’une opération de démontage-remontage, reste à trouver le lieu du remontage.
Les projets deviennent de plus en plus ubuesques, on parle de remontage à Lingostière, ou dans la rue Trachel dans le Square du Colonel Jean-Pierre.
La démolition de la verrière et un démontage-remontage de la Gare semblent acquis pour laisser la place à la construction d’un grand complexe comprenant un parking de 1300 places et la nouvelle mairie.
En 2002, comme prévu Jean-Jacques AILLAGON, alors ministre de la Culture du gouvernement RAFFARIN, est favorable à un démontage-remontage et signe une convention, à charge du maire de remonter la façade ailleurs.




Toutefois les défenseurs de la Gare se font de plus en plus nombreux, et des élus manifestent ouvertement leur désapprobation. 


La Gare semble condamnée mais un coup de pouce du destin va changer les choses.
En septembre 2002, un jeune étudiant en architecture, Mario BASSO, en panne de PC se retrouve par hasard devant la « Gare du Train des Pignes » et ….
« Emerveillé par la beauté et la prestance de cette gare, je fus surpris et attristé de constater son état d’abandon et de voir une telle surface inutilisée en plein cœur de Nice. Le jour même je décidais de m’intéresser de très près à cette gare. »*
Son projet durera 1an et 5 mois : du 7 octobre 2002 au 27 février 2004 et malgré toutes les entraves, il réussît à le mener à bien.
Plans du projet de Mario Basso (2002-2004)

« Naïvement, je pensais que, en simple étudiant préparant une thèse sur un joyau du patrimoine de la ville, les portes s’ouvriraient sans problèmes. Malheureusement je ne fus pas accueilli comme un simple étudiant, mais comme un empêcheur de tourner en rond qui préparait un projet architectural dont l’ambition était de conserver le bâtiment dans sa totalité. Or, un tel projet allait ouvertement à l’encontre des projets de l’actuelle municipalité de Nice
. *

Je décidais donc de m’adresser à la mission d’aménagement du quartier Libération qui m’informa que la mairie n’avait aucun plan et qu il m’était impossible de les avoir. J’ai donc demandé l’autorisation de visiter la Gare, afin d’en faire un relevé. Muni de ce sésame, mais flanqué d’un collaborateur de la mairie, j’ai eu ……1 heure pour faire le relevé ! Un vrai défi ! »*
Mais notre homme est un homme de défi, et avec l’aide de son père, ancien chef de chantier dans le BTP, il mesure toute la façade extérieure, puis grâce à l’absence d’un parpaing, il peut atteindre l’intérieur par un trou de 20×50 cm et durant 3 mois, il mesure le bâtiment.
Muni de toutes les informations nécessaires, il peaufine son projet de réhabilitation de la Gare en totalité pour en faire une cité culturelle.
Il réussit son diplôme le 27 Février 2004, mais le destin va encore frapper.
« Le vendredi 27 Février 2004, jour de mon diplôme, je croyais que l’aventure Gare du Sud s’arrêtait là. Mais le destin en a décidé autrement. Le jour même ou presque, je reçois un appel de M. RAZEAU, Président de l’association du quartier des Beaumettes qui regroupe les opposants à la destruction et au déménagement de la Gare. Il souhaite me rencontrer pour que je lui expose mon projet. J’accepte sans hésiter et [..] le reçois, accompagné de François GROSS, Michel STEVE, et Georges BUZZI, lui aussi architecte. [..] Convaincus par mon projet, M. RAZEAU et mes trois nouveaux « collègues » s’engagent à soutenir mon projet. A ma grande surprise, je me retrouve le 18 Avril 2004, dans l’un des luxueux salons de l’hôtel Négresco, devant plus de 70 personnes, dont des députés et des élus locaux, tous très attentifs..»*
« Parallèlement, encouragé par M. RAZEAU et ses proches collaborateurs, je décide d’envoyer mon projet au Ministre de la Culture en personne, et le 12 juillet 2004, accompagné de M. RAZEAU et de Jean ICART (Conseiller Général), je me retrouve au Ministère de la Culture à Paris, pour présenter mon projet. Peu de temps m’était imparti, il fallait donc que je sois clair et précis. Je devais me montrer plus convaincant que jamais, car je savais que la carte que j’allais jouer serait décisive pour mon avenir, et peut-être, celui de la Gare du Sud. »*
« Très vite la presse locale c’est emparé du projet pour mobiliser son lectorat »*
Quelques semaines plus tard, le maire fait publier dans la presse locale une alternative à son projet de démolition de la Gare du Sud : il propose désormais de démonter la Gare, pierre par pierre, pour la remonter 700 mètres plus loin. »*
Notre Gare est encore loin d’être sauvée, un Conseil Municipal extraordinaire du 1er juillet 2004 ayant voté une enveloppe de 1,7 millions d’Euros pour le démontage de la façade, mais son ange gardien veille sur elle et va donner le coup de pouce décisif .

En effet Renaud DONNEDIEU de VABRES, Ministre de la Culture de l’époque a fait le déplacement à Nice le 25 juin 2004 pour voir en personne ce bâtiment qui suscitait autant de passion et de controverses.
Le 16 juillet 2004, une décision quasi inespérée tombe ; par un communiqué le Ministre de la Culture Renaud DONNEDIEU DE VABRES désavoue son prédécesseur ainsi que le maire de la 2ème ville U.M.P. de France : La Gare du Sud doit être restaurée in situ. Et dans son ensemble, verrière comprise. Selon le communiqué « malgré un état de vétusté dû à un manque d’entretien, [elle] conserve une qualité monumentale et urbaine indéniable qui ne peut être préservée que sur son site actuel d’implantation. [……] par principe la démolition d’un édifice protégé est un acte trop grave et exceptionnel pour être recevable sans que soit expertisé l’ensemble des autres possibilités de conservation »
En compensation, le Ministre promet les subventions maxima pour la restauration, à savoir 40% du montant des travaux.

La Gare semblait sauvée, mais coup de théâtre, un nouveau projet apparaît :




Nouvelle mairie, médiathèque, complexe sportif, école d’art plastique, le parking de 1300 places et notre Gare surmontée d’un vaste auvent, une « ombrière » recouverte de 2000m2 de panneaux solaires produisant de l’électricité.



Pour la construction du parking, il faut démonter la verrière classée, la municipalité s’engageant à la remonter pièces par pièces.

Le projet reçoit l’accord du Ministère le 12 Mai 2005, par chance, la municipalité étant en plein chantier du tramway, les travaux ne débutent pas immédiatement, mais suivront ceux du tramway ; Les appels d’offre sont lancés pour le démontage de la verrière (coût 1,6M€ ).


La plateforme sous la verrière est devenue un simple parking, seuls quelques panneaux accrocheurs présentent le pharaonique projet.

Au quatrième trimestre 2007, l’inauguration du tramway est faite en grandes pompes, mais c’est aussi le début de la campagne électorale pour les élections municipales, et l’avenir de la Gare du Sud est au centre de tous les débats, seul le maire sortant voulant la nouvelle mairie.
Pour tous les autres candidats, le parking est nécessaire, mais pour cela, démonter la verrière n’est pas obligatoire.
Donné perdant dans tous les sondages et dans tous les cas de figures, le maire sortant, dans son
orgueil meurtri, tente un dernier baroud d’honneur : il limoge des adjoints réfractaires et fait entamer le démontage de la verrière en janvier 2008.




Le 16 Mars, une nouvelle majorité municipale est élue, et dès son deuxième Conseil Municipal le projet de nouvelle mairie est purement et simplement abandonné.

L’année 2008 sera-t-elle la fin du calvaire de la Gare du Sud ? On peut raisonnablement y compter si les promesses électorales sont tenues.
Et pourquoi pas se prendre à rêver un peu ? Et si notre ami le petit train que nous aimons tant refaisait son entrée chez lui ? En 2012 par exemple…..On nous a volé le centenaire, on fêtera peut-être les 120 ans !!!!!

>Notes :(*)www.ibatiment.fr/document/171
Merci à Mario Basso pour sa formidable documentation journalistique.
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